RAPPORT « PLEINS FEUX SUR LES MIGRATIONS DANS LE MONDE »
Résumé
L’exploitation chronique de main-d’œuvre qui découle des programmes de migration temporaire, la crise climatique, la discrimination endémique autour de la vaccination, les tragédies qui se déroulent aux frontières et dans les centres de détention, la précarité quotidienne dans laquelle vivent les migrant.e.s sans papiers et les conditions de travail déplorables d’un grand nombre de travailleur.se.s migrant.e.s montrent très clairement que nous sommes loin du système de gouvernance de « migrations sûres, ordonnées et régulières » envisagé par le Pacte mondial pour les migrations (PMM).
La pandémie de COVID-19 a mis en exergue les failles profondes de notre monde et les a creusées encore davantage en exacerbant le nationalisme, la xénophobie, le racisme et la peur des étrangers. Bien que les migrant.e.s travaillent dans tous les secteurs, ils et elles occupent en grande majorité des emplois temporaires et précaires et leurs droits en matière de travail sont, tout au plus, théoriques. Celles et ceux concerné.e.s par des postes dits « essentiels » ou « en première ligne » ont continué à travailler, bien souvent sans équipement de protection adéquat, compensation financière pour les heures supplémentaires ou prime de risque. En dépit d’une rhétorique du « mieux reconstruire », aucune réunion, regroupant plusieurs États, n’a eu lieu pour discuter d’un nouveau contrat social dont le besoin urgent est pourtant manifeste.
Les États ont répondu à ce contexte profondément troublant en fermant, externalisant et militarisant les frontières et en criminalisant davantage les migrant.e.s. Ils les ont très souvent exclu.e.s du soutien économique et des soins de santé primordiaux liés à la pandémie, dont la vaccination. Depuis l’adoption du Pacte mondial pour les migrations (PMM) en 2018, les accords bilatéraux offrant un travail précaire et abusif sont devenus l’instrument normalisé des « migrations régulières », renforçant la violation des droits des travailleur.se.s migrant.e.s. Malgré l’intensification du changement climatique et des crises qu’il provoque, on continue de nier le déplacement climatique comme motif valable de demande de protection et de résidence de longue durée dans un autre pays.
Cette réalité témoigne d’une ignorance du fait que certaines personnes sont davantage vulnérabilisées par les conflits dans de nombreuses régions du monde, l’exacerbaRÉSUMÉ tion des crises climatiques et l’augmentation de la pauvreté et de la faim, ce qui peut les contraindre à migrer.
La gouvernance des « migrations sûres, ordonnées et régulières » visée par le PMM et les Objectifs de développement durables (ODD) se traduit souvent par des États bafouant les droits des migrant.e.s, en contradiction avec les principes du PMM et son engagement à faire respecter les droits humains des migrant.e.s et à garantir la protection des droits humains aux frontières internationales.
Il n’existe aucune preuve que la création de voies régulières permanentes pour les migrant.e.s et la régularisation des personnes sans papiers mettraient le système économique et social des pays de destination sous pression. Au contraire, de telles politiques contribueraient fortement à réduire la précarité des moyens de subsistance, à bâtir des sociétés justes et à renforcer l’économie.
Il est cependant amplement démontré que cette vision ne peut être concrétisée par des mesures draconiennes visant à freiner la migration irrégulière, ni par une aggravation de la précarité. Les personnes qui se déplacent sont en quête de sûreté et de sécurité ; il ne faut pas les traiter comme des criminel.le.s.
Les migrant.e.s ne sont pas responsables des catastrophes et de la pauvreté abjecte qu’ils et elles fuient. En migrant dans l’espoir d’une vie digne, ils et elles sont déterminé.e.s à travailler dur et à faire leur part pour leur pays de destination comme d’origine.
Afin de voir de réels progrès concernant les engagements pris dans le cadre du Pacte mondial pour les migrations, le premier Forum d’examen des migrations internationales (FEMI) devrait plaider vigoureusement en faveur d’une transition vers des filières de migration régulière fondées sur le respect des droits, adaptées à la spécificité de genre et permanentes, une régularisation des migrant.e.s sans papiers et la protection des droits des migrant.e.s, notamment en matière de travail. Il est impératif que le FEMI et les actions prises à sa suite reconnaissent le caractère réel du déplacement climatique et demandent des voies régulières pour les personnes touchées. La construction d’économies résilientes, centrées sur l’humain et s’attaquant aux moteurs de la migration de manière cohérente et holistique nécessite une véritable coopération au niveau mondial.
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