Communautés modèles d’Haïti: Mettre fin à la pratique Restavèk, la servitude domestique des enfants

Communautés modèles d’Haïti: Mettre fin à la pratique Restavèk, la servitude domestique des enfants

Communautés modèles d’Haïti: Mettre fin à la pratique Restavèk, la servitude domestique des enfants

Résumé

Restavèk est un mot du créole haïtien traduisant la situation des enfants qui sont envoyés par les parents pour vivre avec d’autres familles en échange de travail domestique. Dans de nombreux cas, la pratique restavèk prend la forme de traite des enfants et se caractérise par le travail forcé, avec des enfants sous le plein contrôle des membres des ménages qui les emploient en les exploitant et en exerçant la violence à leur encontre. On estime le nombre d’enfants vivant en domesticité/ restavèk entre 150,000 et 300,000 dont les deux tiers sont des filles. Bien que la loi haïtienne et les instruments internationaux qu’Haïti a signés l’interdisent expressément, la pratique restavèk reste largement incontrôlée.

En 2011, Free the Slaves a lancé un projet de trois ans en partenariat avec la Fondasyon Limyè Lavi (FLL), intitulé “Liberté pour les enfants d’Haïti: Action communautaire pour mettre fin aux pratiques qui s’apparentent à l’esclavage aux niveaux local et national,” financé par le Bureau de surveillance et de lutte contre la traite des personnes (J/TIP) du Département d’État américain. Le projet visait à prévenir et inverser le flux d’enfants sortant des communautés pour être envoyés en servitude domestique/restavèk. Le projet a utilisé une méthode holistique, “l’approche communauté modèle,” qui est l’un des premières du genre en Haïti dans la lutte contre la pratique restavèk. Il a été conçu par une analyse des facteurs de risque qui sont à la base de l’envoi des enfants en servitude domestique/ restavèk, et du soutien familial et communautaire nécessaire pour prévenir ce phénomène et aider les familles à retrouver les enfants. Ce rapport présente les résultats d’une évaluation du projet “Liberté pour les enfants d’Haïti” et l’efficacité de l’approche des communautés modèles.

Principaux résultats du projet et résultats de l’évaluation

  • On estime que 27 pour cent des enfants des communautés touchées par le projet qui ont été initialement identifiés comme étant en domesticité/restavèk sont maintenant de retour chez eux. L’envoi des enfants en domesticité/ restavèk a diminué.
  • La méthode d’apprentissage participative des droits de l’enfant utilisée dans le projet a été très efficace en termes de modification des normes en améliorant les attitudes et les comportements liés aux droits de l’enfant.
  • Les indications de comportements souhaitables, tels qu’un meilleur traitement des enfants, ont augmenté de 29 points de pourcentage. Cela a stimulé les actions de récupération d’enfants dans toutes les communautés qui comptaient des enfants en domesticité/restavèk. Un total de 525 membres communautaires ont participé.
  • Les comités de protection de l’enfance ont été formés dans chaque communauté pour s’engager activement dans les efforts visant à prévenir l’envoi des enfants en domesticité/ restavèk, soutenir la réinsertion des enfants récupérés et promouvoir le bien-être global des enfants.
  • Un module d’apprentissage participatif sur la santé de la reproduction a été inclus dans le projet du fait que la taille de la famille et la santé des parents peuvent jouer sur la décision d’envoyer ou non les enfants en domesticité/ restavèk. L’intervention a accru la connaissance d’environ 500 participants sur la santé reproductive, y compris la façon de prévenir la grossesse et les MST. Elle a également accru une tendance parmi les participants vers des attitudes favorables à la planification familiale et la prévention des MST, et les rapports de changement de comportement, y compris une plus grande utilisation des méthodes de contraception.
  • Un volet de l’enseignement accéléré a offert une année complète d’études presque gratuite à une moyenne de 148 enfants chaque année, en aidant à retenir les enfants à risque dans leurs communautés d’origine. Cela a également fortement contribué à la réinsertion des enfants qui sont revenus de la domesticité/restavèk en servant 53 pour cent de ces enfants revenus dans les communautés évaluées.
  • Les enfants revenus ont indiqué en très grande majorité qu’ils se sentaient plus heureux d’être à la maison avec leurs familles, qu’ils ressentaient un sentiment de liberté qu’ils n’avaient pas connu quand ils étaient en domesticité/restavèk, et qu’ils étaient heureux d’être à l’école. Les enfants vivent des relations positives avec leurs pairs, leurs frères et sœurs.
  • Les parents sont confrontés à des difficultés à subvenir aux besoins des enfants revenus, en raison des terres agricoles improductives, et des possibilités de travail formel ou informel rares ou non existantes.

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