COMBATTRE LA TRAITE DES PERSONNES Guide à l ́usage des parlementaires
Forme moderne de l’esclavage, la traite des personnes est une violation des droits de l’homme. Elle constitue un crime à la fois contre l’individu et contre l’État, qu’il faut re-connaître comme tel et réprimer par la loi. Elle porte atteinte à la sécurité de la personne autant qu’à la sûreté de l’État. Aussi l’action menée pour prévenir la traite, poursuivre les trafiquants et protéger les victimes doit-elle être centrée sur la personne individuelle et pas seulement sur la sûreté de l’État.
La traite des personnes constitue également une forme de violence contre les femmes et les enfants, qui en sont les principales victimes. Elle est aussi une atteinte au droit international de la famille, car elle consiste dans certains cas à détourner ou à exploiter des pratiques familiales légitimes. En revanche, il est des coutumes, considérées dans certains milieux comme intrinsèquement contraires aux droits et à la dignité de la per-sonne, qui ont tendance à la favoriser.La traite des personnes est une activité illicite qui profite dans certains cas des flux migratoires internationaux. Elle a des répercussions considérables sur les victimes, qui subissent des préjudices et des traumatismes tant psychologiques que physiques et cou-rent des risques accrus de contracter des maladies graves comme le VIH/sida.
La traite des personnes, enfin, est favorisée par l’inégalité des sexes et des chances, de fortes disparités économiques à l’intérieur des États et entre eux, la corruption et la vul-nérabilité que créent des systèmes judiciaires et de répression défaillants, l’instabilité civile, et l’incapacité des États à protéger leurs citoyens et à pourvoir à leurs besoins. La demande de services sexuels et de main-d’œuvre peu coûteuse dans le secteur de la construction, des industries manufacturières et autres et pour les travaux domestiques contribue également à alimenter la traite.
La lutte contre la criminalité et les poursuites judiciaires ne suffisent pas à combattre la traite des personnes. Il est impératif de l’incriminer mais cela ne suffit pas non plus. Pour combattre la traite, il faut aussi que la personne qui en a été l’objet soit considérée dans la loi comme une victime en droit de demander que ses droits fondamentaux soient protégés. Il faut en outre que les lois sur l’immigration, le travail, la santé et la protection de l’enfance soient révisées et amendées de manière à couvrir tous les aspects de la traite et à constituer un appareil complet de lutte contre ce phénomène. Il faut enfin que ces lois soient effectivement mises en œuvre et leur application suivie.
Aussi les États doivent-ils mettre en place un appareil complet visant à prévenir la victi-misation et la revictimisation, à protéger les victimes de la traite, et à en poursuivre les auteurs. Ils doivent également combattre les facteurs qui alimentent la traite, en s’effor-çant de pourvoir aux besoins de leurs citoyens afin de les rendre moins vulnérables face à la traite, et d’offrir des solutions de rechange à l’exploitation, qui est parfois inhérente à la demande de main-d’œuvre et de services bon marché. Ils doivent faire preuve de vigilance dans l’application des lois et le suivi des interventions afin de réduire au mini-mum les profits que les auteurs de la traite peuvent espérer en tirer.